Tremblant sous le stresse, et à bout de souffle, Marek courait vers le village. Il ne pensait plus à sa mission, ni même à ce qui était arrivé à ses amis. Il ne pensait plus qu'à une chose: crier aux villageois de se cacher, que leur vie à tous était en péril.
C'est le pire jour de ma vie... se dit Marek.
Une quinzaine d'éclaireurs avait péris aujourd'hui. De ce qu'il se rappelait de la scène, il était le seul à avoir survécu.
Il dévala la dernière colline qui le séparait de son village et s'arrêta, pétrifié.
Le silence était total, et aucun villageois n'était en vu. L'éclaireur passa d'une maison à l'autre: elles étaient toutes vides!
Suis-je arrivé trop tard? Par Toutatis... Où sont-ils passé!Des larmes lui montèrent aux yeux.
Soudain, il entendit un bruit qui lui était familier.
Les chevaux! Ce sont les germains!Il pris ses jambes à son cou et tenta de se cacher, mais il voyait déjà l'un des cavaliers le pointer du doigt en hurlant.
Il se retourna, prêt à affronter son destin, prêt à combattre et à mourir pour venger les siens... Mais en revanche, il n'était pas encore prêt à voir la scène qui se déroula devant lui!
Les germains étaient à une cinquantaines de mètres, au grand galop, leur sabre dégainé.
C'est à ce moment précis qu'un bruit monstrueux se fit entendre. Une avalanche de rochers, et de troncs d'arbres dévalèrent deux des collines qui encadraient le village. Marek se jeta dans le bâtiment le plus proche, L'auberge du vieux Marvin!
Quelques habitations furent touchées, et plusieurs cris se firent entendre. Dès que le bruit cessa, Le gaulois sortit de l'auberge. Un nuage de poussière l'aveuglait, mais il entendit les voix des germains qui se réorganisaient, fous de colère et d'humiliation!
Rien ne semblait pouvoir les arrêter, et apparemment ils n'avaient subi aucune pertes! Au fur et à mesure que le nuage se dissipait, le coeur de Marek s'emplit de terreur: ils revenaient.
Ils ont esquivé le piège que les villageois leur ont tendu!Cette fois-ci un groupe de cavaliers se jeta sur Marek, qui ne pouvait plus leur échapper.
À moins d'une vingtaine de mètres, il voyait nettement un rictus se former sur le visage du guerrier le plus proche. Et pour la deuxième fois de la journée, le destin décida que son séjour sur cette terre n'était pas terminé. Un tronc d'arbre tomba juste devant les cavaliers, qui passèrent par dessus leur monture déséquilibrées, et s'étalèrent aux coté de Marek, que la violence du choc avait fait trébucher.
Un autre nuage de poussière s'éleva, et un bruit étrange se fit entendre.
On dirait le bruit que fait un moulin! Qu'est-ce que tout cela signifie?Lorsque la créature - un dragon à peine plus petit qu'une maison - poussa un cri terrifiant, ce furent les germains qui hurlèrent en réponse. Le dragon cloua celui qui semblait être le chef au sol, et prit un air assez menaçant pour que celui-ci sombre dans l'inconscience.
Les germains tentèrent de fuire, avec ou sans leurs chevaux...
Et tombèrent nez à nez avec les gaulois du village.
Dès que le premier germain jeta ses armes - le chef n'était pas en état de leur dire ce qu'ils devaient faire - tout les autres l'imitèrent immédiatement.
Enfin, tous les habitants du village poussèrent un cri de victoire, quelque uns allant même jusqu'à se rapprocher du dragon pour le remercier.
Plus tard dans l'après midi, lorsque le soleil avait déjà bien avancé sa course dans le ciel, le dragon revint au village, et se posa à coté d'un petit groupe d'humains. Il y avait le chef du village, ses conseillers et Marek, qui avait était invité pour donner son avis sur cette journée épouvantable; il avait cassé leur moral pour plusieurs mois en leur annonçant la mort des autres éclaireurs du village, qui étaient aussi des chasseurs reconnus, et des amis pour beaucoup.
_ Il n'y en à pas d'autre. Cela veut dire que vous n'avez rien à craindre au moins jusqu'à demain, déclara le dragon.
Le chef prit la parole en ces termes:
_ Nous ne te seront jamais assez reconnaissant de nous avoir sauvé. Il étaient venu pour piller et voler tout ce que nous avons. Reçois les remerciements de tout le village, dragon!
_ Je crains de ne pas pouvoir vous laisser dans cette situation. Vous avez décidé de garder les prisonniers vivant, et c'est tout à votre honneur. Mais qu'allez vous faire d'eux? Pensez vous pouvoir résister à une deuxième attaque sans aide? Inutile de me remercier, je pense plutôt que c'est moi qui ai encore une dette envers vous... A moins que cela ne vous dérange, je pense que je vais rester un moment dans la grotte, en haut d'une colline à l'est du village.
Marek pris la parole:
_ Comment sais-tu où se trouve l'est, dragon?
_ Je suis né avant que les humains "n'inventent" les points cardinaux, petit homme, rétorqua le dragon avec une ironie qui fut perçue sans difficulté par toute l'assemblé.
Lorsque les autres étaient partis, Marek était toujours avec le dragon, qui lui l'observait comme si c'était le premier humain qu'il rencontrait.
Marek se surprit à nouer le dialogue avec le dragon sans difficulté. Ils avait des centres d'intérêt en commun, notamment la stratégie et la chasse. Si dans ce dernier domaine, le dragon possédait des connaissances extraordinaires, il était très intéressé par les propos de Marek au sujet des pièges et tactiques que les gaulois mettaient en oeuvre - Lorsqu'ils en avaient le temps - pour ce défendre.
Ainsi le crépuscule tomba tandis que Marek discutait encore avec le dragon.
_ Sais-tu comment tes proies se rendent compte de ta présence, lorsqu'elle t'échappent? demanda le dragon, ravis d'avoir une autre occasion de démontrer à l'humain que malgré son statut de chasseur, il était loin de tout comprendre aux sujet de la nature et des animaux.
_ Même lorsque que je ne fais pas le moindre bruit, il arrivent que celles-ci m'échappent, à cause de mon odeur je suppose...
_ Ce n'est pas tout. La plupart des animaux on conservé un sens que les humains tendent à perdre, ce qui fait d'eux des proies faciles... L'instinct. Un animal peut avoir conscience de ta présence grâce des bruits, des sensations qu'il n'aurait jamais perçu s'il ne se concentrait pas soudainement. Et même en étant silencieux, tu ne peux plus rester cacher. Il faut toi aussi ressentir cette tension soudaine, et foncer immédiatement. Être plus rapide que ta proie.
_ Pense tu qu'aucun humain n'a d'instinct?
_ C'est difficile à savoir. Mais mon expérience me prouve que même si les hommes ont un instinct, ils ne lui font presque jamais confiance.
_ Ce doit être agréable d'être un dragon, mais l'humanité à aussi ses attraits...
_ Les dragon peuvent voler...
_ Les mouches en font autant!
Le dragon trébucha sous l'insulte et fixa l'humain, avant de manifester son hilarité sous la forme d'un étrange grognement.
_ Bien dit, petit homme.
_ Tout le plaisir était pour moi!
lls discutèrent jusque tard dans la nuit.
Le lendemain, surprit de se réveiller dans une grotte, Marek se remit en marche vers le village.
Et il savait que cette nouvelle journée allait, elle aussi, rester à tout jamais gravée dans sa mémoire.
La suite de l'histoire, je vous la raconterais demain. Non qu'elle soit sortie de ma mémoire - c'est moi le dragon, comme vous vous en doutez.
Mais j'ai faim, et ce n'est pas dans votre intérêt de m'inviter à passer la nuit chez vous!
Non, moi je ne me nourris pas de céréales...